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22 juin 2004


Patrice Mallet :
« Les Parisiens nous on volé la télévision ! »

 


Photos © Nico

Propos recueillis par Marc Polisson
 

Pour le taquiner, ses proches le surnomment encore Jean-Claude Bourret. Patrice Mallet, 50 ans, sauveteur de TV8 Mont Blanc a du souquer ferme pour maintenir le vaisseau télévisuel savoyard à flot. L’équipage de 60 galériens a été ramené à 15 navigateurs polyvalents et déterminés. Et ça marche ! Une exception dans le microcosme des télés locales qui sont souvent des gouffres financiers. Rencontre avec le couteau suisse de la profession !

 

On va bientôt fêter le 4ème anniversaire du redémarrage de TV 8 Mont Blanc. Vous voyez enfin le bout tunnel ?

Non, pas encore, moi j’estime qu’on verra le bout du tunnel le jour où on aura un retour sur investissement. Aujourd’hui, je ne gagne pas plus d’argent que j’en gagnais quand j’étais rédacteur en chef. Mais les résultats sont là, il y a une fidélité, les clients nous suivent, la chaîne est reconnue, on monte petit à petit.

 

Quelle est votre formule magique au niveau des programmes ?

« Nous devant, vous dedans ! » Au niveau de la grille des programmes, on est reparti sur des choses qui nous semblaient simples. Par exemple, il y avait une vraie demande pour  « La place du village », une émission-institution chez nous, animée par deux professeurs d’histoire qui sont jumeaux et qui vont à la rencontre des gens. C’est toute la philosophie de la télévision locale, donner la parole à des gens dont au premier abord on pense qu’ils n’ont rien à dire et finalement c’est plein de bon sens. C’est un vrai bain de jouvence par rapport aux chaînes nationales où l’on a l’impression de regarder des gens complètement décalés. Quand on regarde 8 Mont-Blanc on voit des gens normaux !
 

 
Préparation du studio avant l’interview de Philippe Cassard.
Quand on vous disait qu’il portait sa télé à bout de bras…
 

Comment vous positionnez-vous par rapport à France 3 ?

On est complémentaires, je pense. On n’a pas les moyens de faire des études comparatives et on ne l’a pas fait. Pour nous il n’y a pas de concurrence. France 3 fait son travail de chaîne régionale, nous on fait un travail de chaîne locale.

 

Avant la mire, vous perdiez 1 MF par mois. Maintenant TV 8 Mont Blanc est à l’équilibre. Comment avez-vous infléchi la courbe ?

On a fait le travail de quarante à quinze ! Voilà tout !

 

Vous-même êtes à la fois manager, présentateur, journaliste et technicien…

Je répète souvent qu’on est trois fois quinze. Quand on me dit « Votre métier, c’est quoi ? » je réponds : « reportage, enquête, filature ! » 

 

Combien de temps allez-vous tenir à cette cadence ?

Quand on aime on ne compte pas. Quand on est dans une dynamique de progrès on ne sent pas la fatigue. Moralement, nos équipes sont hyper motivées. Elles ont le sentiment que nous allons dans le bon sens. Cela donne beaucoup plus d’énergie qu’on ne le pense.

 

Avez-vous le sentiment de vous épuiser ?

Non, je résume nos années : 1ère année, il fallait ouvrir ; 2ème année, il fallait résister ; 3ème année, il fallait confirmer ; 4ème année, il fallait chercher à se développer. Quand tu vois les choses comme ça, tu te dis que le temps passe vite et je n’ai pas le sentiment d’être complètement usé.

 

La débrouillardise et les bouts de ficelle sont-elles vos seules alternatives de survie ?

La télé locale en France, les téléspectateurs la demandent, par contre au niveau parisien ce n’est pas forcément désiré…
 

 
A son bureau au milieu de ses troupes.
Open space et jeunesse d’esprit de rigueur.
 

La télévision locale est-elle encore trop soumise au diktat parisien ?

Les Parisiens nous on volé la télévision ! J’estime que les chaînes nationales, la Une, la 2 et tout le reste, ce sont des chaînes locales de Paris. Nous, on arrive à démontrer que les téléspectateurs provinciaux ont aussi droit à la télé. J’estime qu’on remplit une vraie mission, et mes enfants, qui sont âgés de cinq à huit ans, quand ils regardent Star Academy, ils ont l’impression qu’effectivement tous les gens qui les entourent ne sont pas des gens intelligents parce qu’ils ne passent pas à la télévision. Eh bien moi, je valorise la locale, la télévision est au service de tout le monde ! D’autre part, j’estime qu’on ne fait pas des bouts de ficelle, on fait du progrès.

 

45 postes tenus par 15 personnes, c’est quand même des bouts de ficelle. Les télés locales qui n’arrivent pas à utiliser ce modèle de gestion sont-elles condamnés à disparaître ?

On a connu ce qu’était une fermeture de chaîne, on y pense tous les jours. Ma fracture elle est là. Voir son entreprise fermée c’est ce qui fait le plus mal. Hier, j’ai fini à 23 h, on a travaillé beaucoup, mais ce n’est pas difficile. Ce qui est dur, c’est d’annoncer à des gens que tu les licencies. Tu me dis « bouts de ficelle », je te réponds motivation, foi en ce qu’on fait. Les bouts de ficelle ce sont les gens qui trichent, qui ont beaucoup de moyens et qui utilisent finalement 10 % de ce qu’ils ont. Nous, on utilise 300 % de ce qu’on a. On nous a dit : « Vous êtes une télé MJC » alors que 8 Mont Blanc est une télé professionnelle qui a prouvé qu’on pouvait vivre et travailler au pays dans l’audiovisuel.

 

A Lyon, TLM continue de perdre 1 MF par mois. Pourquoi ce qui marche ici ne fonctionne pas à Lyon ?

Je vais être langue de bois pour dire d’abord que je n’ai pas de conseil à donner.

 

Vous avez dit que vous utilisiez à 300 % ce que vous aviez, alors que les autres ne l’utilisent qu’à 10 %… les autres ce sont nos amis lyonnais ?

Non, non, non ! (rires) La chance que nous avons eue, nous, c’est d’avoir eu l’écran noir. Eux n’ont pas eu effectivement cette espèce de rupture. On a médité pendant trois ans dans notre coin… Quand je vois le fonctionnement de TLM, à 4 M €, je trouve qu’il ne coûte pas cher. On ferait mieux d’aider TLM en reversant une partie de la redevance aux chaînes de télévisions locales. Quand je vois que Monsieur Teyssier arrive à faire des bénéfices sur sa redevance, que France 2 se paie un siège extraordinaire à Paris, j’estime qu’il pourrait reverser 10 € pris sur chaque redevance pour aider les télés locales.
 

 
Sur la terrasse du Super Panorama. L’homme est réputé pour
son coup de fourchette et pour ses coups de cœur…
 

Peut-on vivre éternellement à découvert ?

Nous vivons à l’année, nous, avec le coût d’une mi-temps d’un match de football pour France 2 en Coupe d’Europe. J’estime donc que TLM à 4 M € par an, ce n’est pas cher ! Si on nous donnait 10 € de redevance, ça nous permettrait de faire vivre au pays 30 salariés et de créer de l’emploi. En France, si on développe la télé locale on crée 3 000 emplois. Défendons la télé locale !

 

Que pensez-vous de la nomination de Jean-Marc Dubois, patron de TLM, à la tête de France 3 Lille ?

Je l’ai rencontré. On n’a jamais pu travailler ensemble. Il est mieux dans le public. Je pense que c’est un professionnel compétent, mais il n’a pas adopté le modèle que nous avons ici : faire beaucoup avec peu. Lui, à l’inverse de nous, s’est promu personnellement, moi-même j’essaie de promouvoir plutôt le média, 8 Mont-Blanc. Cela ne me surprend pas qu’il retourne au service public.

 

Comment pouvez-vous lutter contre la fuite de vos cerveaux happés par les grandes chaînes ?

La télévision locale c’est un excellent moyen de formation, on est condamnés à former les gens.

 

Mais vous ne jouerez jamais en ligue 1 ?

Attendez, il y a des divisions 2 qui permettent à des jeunes d’arriver en ligue 1 ! Je ne me suis jamais pris pour une chaîne de Ligue 1. Je suis fier quand un de mes gars arrive à passer sur une chaîne nationale. Je suis comme le petit entraîneur qu’on ne connaît pas, qui a formé untel et qui continue d’être un besogneux…

 

Vous êtes l’entraîneur de Trappes qui regarde Anelka partir…

Non, sauf que je suis au bord du lac d’Annecy ! Je n’irais pas à Trappes faire ça ! (rires) Quand un jeune vient à 8 Mont-Blanc, ce que je lui demande c’est d’être là pour faire un parcours. S’il dit : « Maintenant je suis capable d’aller sur le réseau national » on fera tout pour. Cela fait plaisir de voir une Karine Rey formée sur 8 Mont-Blanc, faire tout un parcours sur les chaînes nationales et revenir chez nous. Je veux des gens plutôt ambitieux, qui veulent se servir de 8 Mont-Blanc comme d’un tremplin et ça ne me dérange pas. Quel dommage de ne pas pouvoir tous les embaucher ! A l’intérieur de la boite, il y en a un qui a, en ce moment, des velléités de faire du national. Je ne souhaite qu’une seule chose : qu’il parte vite, le pire c’est le type qui veut faire du national mais qui n’en a pas le niveau et qui reste…



A suivre, Dr Bob et Mr Sinclar
 

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