Johnny
Hallyday : « Dans le rock n’ roll,
tout le monde est timbré »
Photos © Fabrice
Schiff
Par Arnaud Curt
A 64 ans, l’idole de
millions de Français plus vraiment jeunes change de vie. Il vient de fêter pour
la première fois des noces d’étain avec Laetitia et a décidé de freiner
les excès en tout genre pour pouvoir profiter pleinement de la petite Jade.
Il fait également le bilan sur une carrière jalonnée de succès avant de remonter
sur scène pour une tournée marathon qui passa dans la région.
Lorsque l’on s’apprête à rencontrer la plus grande star française, il faut
montrer patte blanche. Une demi-douzaine de molosses aussi sympathiques que les
gardiens des portes du pénitencier protègent Johnny. Il faut dire que le
rockeur n’a pas vraiment la tête à la promotion, et pour cause, il vient de
rentrer d’une escapade romantique pour célébrer une décennie d’amour avec
Laetitia. Pour l’occasion, le couple avaient loué pendant un mois une maison de
grand luxe sur les hauteurs de Saint Barth. Las de courir, M. Hallyday s’est
posé sentimentalement : « Laetitia sera la dernière femme de ma vie et je
dois avouer que c’est la première femme que je n’ai pas eu envie de tromper. Je
sens que ma vie est tracée. » Il a renoncé à ses démons. En 1998, il
confiait dans une interview au Monde son penchant pour les substances
illicites « la cocaïne, j’en ai pris en tombant du lit. Maintenant, c’est
fini. J’en prends pour travailler, relancer la machine. Je n’en suis pas fier,
c’est ainsi, c’est tout ». Aujourd’hui, il confie : « dans le rock n’
roll, tout le monde est timbré. Nous faisons un métier excessif, fait de joies
et de déprimes, et il faut se servir de tout ». L’arrivée de sa fille
adoptive Jade qui vient de fêter ses 18 mois mais aussi l’amour de son épouse
l’ont conduit vers cette rédemption. Laetitia s’expliquait récemment sur son
rôle : « Johnny a besoin de se faire mal pour avancer. Pour le gérer, il faut
s’avoir s’effacer tout en restant à l’écoute et présente ». Mais Johnny
reste un épicurien et sait encore faire la fête entre potes (Laurent Gerra,
Nicolas Sarkozy, Eddy Mitchell…) même si ces derniers n’arborent
pas une panoplie de rockeur. Il va même jusqu’à se vanter de faire des concours
d’histoires drôles avec Jacques Chirac « il raconte des histoires
grivoises pas mal du tout ! » Fabrice Luchini, son partenaire dans
« Jean-Philippe » explique les deux facettes de Johnny : « il a énormément
d’esprit, d’humour. Il a le sens de la dérision. Et puis il a un bon sens
prodigieux sur tout. C’est un philosophe. »
Malgré quatre décennies à
la fréquenter, Johnny ne paraît toujours pas à l’aise avec la presse. Au cours
de notre rencontre, il grillait gitane sur gitane. Lorsqu’il accorde une pause à
ses poumons, il griffonne quelques graffitis sur une feuille de papier. Il faut
dire que les journalistes ne l’ont jamais vraiment ménagé. De ses débuts
« quand mon premier disque a marché, on a dit que ce succès ne durerait qu’un
été » à sa consécration : « Si je n’étais pas Johnny, les gens diraient
moins de mal de moi ». Aujourd’hui, il revient à ses premiers amour à savoir
le cinéma : « Quand j’ai commencé ce métier, je ne voulais pas être chanteur,
mais acteur. Je suis devenu chanteur par hasard. J’ai enregistré un premier
disque pour payer mes cours de comédie. Il a marché et j’ai continué… J’aurais
aussi pu devenir coureur automobile comme je le souhaitais étant plus jeune. »
Dans « Jean-Philippe », Johnny incarne Jean-Philippe Smet, un patron de
bowling au look étrange qui évoluerait dans un monde où Johnny Hallyday
n’existerait pas. Autant dire que ce scénario est digne des plus grandes
histoires de science-fiction lorsque l’on voit le nombre de disques vendus et
les millions de spectateurs qui se déplacent pour applaudir l’une des seules
légendes vivantes de l’hexagone !
« Jean-Philippe » de
Laurent Tuel
avec Johnny Hallyday et Fabrice Luchini,
sortie en salles le 5 avril.
Johnny
Hallyday sera en concert le 13 juillet à Aix les Bains,
le 16 juillet à Marseille, les 10 et 11 octobre à Grenoble
et les 13 et 14 octobre à Lyon.
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