Maryline Bellieud-Vigouroux :
« La Mode, outil thérapeutique »
Photos © DR
Par Mimi Hello
Au sixième étage du 11 la
Canebière, Maryline Bellieud-Vigouroux s’agite! Efficacement ! Elle se dépense
depuis seize ans pour la mode dans la région Provence-Alpes-Côte d’Azur.
Créatrice et présidente déléguée de l’Institut Mode Méditerranée, elle est aussi
fondatrice du Musée de
la Mode, à
Marseille.
Maryline n’appréhende pas la mode comme quelque chose de
futile ; mais au contraire pour elle la mode est liée à un phénomène de société,
culturel, économique… Elle est allée même beaucoup plus loin en utilisant la
mode comme outil thérapeutique « la mode au travers du vêtement est
considérée comme moyen d’expression d’une thérapie ». En juillet 1999, le
professeur Marcel Rufo, éminent spécialiste de psychiatrie infantile, la
rencontre dans le but de relooker le personnel soignant du nouveau service
d’adolescents du CHU de
la Timone : «l’Espace
Arthur*». Intéressée, Maryline lui suggère de mettre à la disposition des
jeunes, de grandes armoires avec les vêtements de créateurs marseillais
correspondant à leurs goûts et codes. Le principe : les modèles d’actualité sont
présentés dans des malles armoires, réalisées par les designers Paul Mathieu
et Nicole Dellatana, dans lesquelles les jeunes peuvent à loisir choisir
et emprunter leurs tenues le temps de leur hospitalisation selon le principe
d’une bibliothèque.
De là naît deux mois plus tard un projet tout à fait
novateur ; comble de reconnaissance, Bernadette Chirac a demandé à
Maryline Vigouroux de dupliquer cette expérience à l’hôpital Cochin à
Paris dans le nouveau service d’adolescents « la
Maison de Solenn »
(prénom de la fille de Patrick Poivre d’Arvor). Depuis janvier 2005, les
adolescents parisiens souffrant de pathologie du type dépression, anorexie,
boulimie… sont donc accueillis dans un service quasi similaire à celui de
«l’Espace Arthur » pourvu également d’une vêtothèque . « C’est un concept
made in Marseille » comme dit Maryline Vigouroux, très fière d’avoir permis
à sa ville d’être passée du statut « hors mode » seize ans auparavant à celui
de « précurseur et modèle pour la capitale de
la France ». Ce beau projet a aussi eu lieu grâce à la participation
de la Caisse d’Epargne
Provence-Alpes-Corse, de Mouna Ayoub, du groupe Avenance, de la société
Aigle, et du groupe Constructa. Ces vêthotèques peuvent exister grâce aux dons
(livraison « Espace Arthur » au 1er avril 2005 : Aigle, La Fée
Victoire, Le Marseillais, Les P’tites Bombes, Make, Sandrine Leonard, Sessun,
Petit Bateau, Kulte, La Redoute, Tcheka, Volcom), et aux achats effectués par
Maryline Vigouroux et une partie du personnel hospitalier auprès de créateurs
principalement marseillais (livraison « Espace Arthur » au 1er avril
2005 : A Boréalis, Cabaz, Cobaye, Drolatic, Dvil, Inari, Line Kae, Too Kisses,
Warda Women). Cette opération est un bon test pour les jeunes créateurs
marseillais ; certains d’entre eux passent du statut de vendeur à celui de
donateur. Grâce à l’action menée en parallèle à Paris et Marseille, le nombre de
donateurs a augmenté (Petit bateau, la Redoute, Antik Batik, Chipie, IKKS),
ainsi que le nombre de pièces commandées (environ 800 par an et par ville).
Maryline s’est plus qu’intéressée à ce projet en tant que
mère de famille sensibilisée par les problèmes de l’adolescence ; mais celle-ci
se préoccupe également du sida avec « La
Grande Braderie de
la Mode » qui a eu lieu les
22 et 23 juin 2005 à l’Espace Mode Méditerranée. Plus
de 180 créateurs se sont à nouveau mobilisés dont Azzédine Alaïa, Isabel
Marant, Jean-Paul Gaultier, John Galliano, Kenzo, Petit Bateau, Sequoïa,
Yves-Saint-Laurent…
Leurs collections sont vendues à des prix réduits, dans le
but de reverser l’argent gagné lors de ces deux journées à des actions menées
pour les personnes touchées par le virus du sida. Là encore, Maryline a pris un
TGV d’avance, en créant ces journées caritatives avant
Paris.
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