26 janvier 2005

PEOPLE FAR FROM HOME
 

! Itinéraire d’une enfant gâtée… par la nature

Par Céline Albertini

A cinq ans, elle voulait être noire… Aujourd’hui, elle vit au Sénégal, mais n’en est pas devenue noire pour autant ! Elle, c’est Marie-Hélène Legrand, mais là-bas tout le monde l’appelle « Toubab » (femme blanche). Elle a même conservé sa blondeur et sa beauté juvénile qui l’ont rendu célèbre au travers des objectifs.

Oui, Marie-Hélène Legrand était mannequin. Dans les années 70, elle était courtisée par les plus grands couturiers tels que Yves Saint-Laurent ou Castelbajac. Au delà de sa propre image véhiculée sur papier glacé, elle était devenue l’icône de la Marseillaise qui monte à Paris et qui réussit. Mais la petite ne s’arrête pas là. Elle veut connaître le Monde. Marie-Hélène se pique de voyages à 35 ans… Elle s’installe en Norvège, « un pays décoloré » nous dit-elle, puis au Yucatan, et au Mexique. Mais l’ouragan Gilberto dévaste le pays ainsi que les projets de vie de Marie-Hélène : « le Mexique n’était pas ma place » lâche-t-elle fataliste.

Alors, la petite rentre au pays en 1989, le temps de créer, avec sa fille Virginie, l’Ane Bleu, une boutique de décoration pour laquelle elle dessine ses premières lignes de mobilier et d’accessoires ethniques « à deux mains ». Mais Marie-Hélène a la bougeotte et veut pêcher plein d’idées et de matériaux pour égayer sa créativité. Déjà, le Sénégal se profile… A la recherche d’artisans sur les pistes dakaroises, elle y trouve enfin le havre qu’elle cherchait depuis toujours : « M’Begeel », cela veut dire « l’Amour » en wolof… si ça n’est pas un signe ça ?

Marie-Hélène déverse toute sa fantaisie pour créer un lieu magique et intemporel, et détourne avec poésie l’art africain de la récup. « Ici, l’objet ne meurt jamais, il a mille vies ». Elle veut aménager l’hôtel de ses rêves, son rêve de petite fille. M’Gebeel, la perle de la petite côte… A l’ombre des manguiers, six cases de charme à l’architecture originale : un curieux mélange de tradition locale, malienne et maure. Et le rêve se poursuit encore à l’intérieur : les doigts de fée de Marie-Hélène ont tout transformé tel un coup de baguette magique. Le mobilier en bois précieux s’orne de coquillages ramassés au gré de ses balades sur la plage voisine, la dalle de ciment au sol est constellée de messages, de miroirs et de capsules… L’extérieur est tout aussi enchanteur avec des coins détente où hamacs, voilages et fauteuils cosy appellent au farniente.

M’Begeel n’est pas seulement un hôtel de charme, c’est aussi la source d’inspiration d’une créatrice atypique et le nom d’une très belle ligne de mobilier commercialisé à Marseille à l’Ane Bleu, dont sa fille s’occupe toujours depuis 1999. Virginie a en effet hérité du goût de sa maman pour harmoniser matières et couleurs, et retranscrit dans sa boutique l’univers baroque, coloré, excentrique et chaleureux de Marie-Hélène Legrand, pour le plus grand plaisir des Marseillais initiés.
 

A suivre, Georges Duboeuf en ligne de vigne
 

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