OCD, la méthode américaine !
Lionel
Pons (salon Mahana) et l'équipe O'cd : Philippe Bleicher,
Alexis Martinez,
Félix Boisson de Chazournes
De notre correspondant Jean Jacques Doré
Avec un nom pareil, rien ne prédestinait Félix Boisson de Chazournes,
fils de bonne famille à s’investir dans le marché de produits culturels
d’occasion. Inspirées par les méthodes de marketing et de management
américaines, il se retrouve aujourd’hui à la tête d’OCD, un réseau de 17
boutiques de disques.
Après avoir vécu une
jeunesse lyonnaise
plutôt rangée en
recevant de ses aïeux les préceptes du savoir vivre, Felix passa quelques
années sur les bancs de la Doua à étudier la comptabilité. Attiré depuis
toujours par les charmes de l’oncle Sam, on lui proposa à sa sortie de la
faculté de s’installer aux Etats Unis pour participer à l’installation des
boulangeries Paul. Ce dernier ne tomba même pas dans le piège du hamburger
puisqu’il se nourrissait exclusivement des viennoiseries fabriquées par
son employeur. Cette expérience de dix ans fût très enrichissante car il
se retrouva en complète adéquation avec les méthodes US. Il se rendit
compte que nos voisins d’outre-Atlantique cultivaient une véritable
culture de l’occasion et ne ressentaient aucune honte à revendre des
objets ne leur servant plus. Le déclic fut immédiat pour ce passionné du
courant New-wave en constatant que les prix du disque augmentaient de
manière exponentielle et que certains albums pouvaient lasser très
rapidement. Il ne lui restait plus qu’à habituer la clientèle française à
ce nouveau type de magasins.
Jusqu’à présent, dans son secteur, il y avait à boire et à manger. Félix
va aseptiser et formater l’activité : finis les tee-shirt sales arborant
des têtes de mort qui pendent dans la vitrine et les disques mal rangés !
Place aux boutiques super propres comme chez les leaders du neuf ! Ainsi,
il décida d’implanter sa première échoppe au cœur du quartier latin, à
deux pas de la Sorbonne pour toucher une clientèle étudiante à forte
majorité étrangère et par conséquent peu réfractaire à ces nouveaux
comportements de consommation. Le concept remporta très rapidement un
immense succès ce qui lui permit d'en installer une autre dans sa ville
natale à deux pas des Terreaux, rue Paul Chenavard. Aujourd’hui, le groupe
qui compte plus de 17 boutiques - dont la dernière en date vient d’ouvrir
à Lyon, rue Victor Hugo - a réalisé en 2003 plus de 8.5 millions € de CA
(soit un accroissement de 15% par rapport à l’exercice précédent). Félix
surfe sans vergogne sur les crises économiques toujours favorables au
monde de l’occasion. En effet, les consommateurs ont besoin de cash et
revendent plus facilement.
Mais O’CD c’est
avant tout une véritable culture d’entreprise à l’américaine bien que son
créateur s’en défende. Ses boutiques s’appellent « maison » et ses
employés deviennent « ses associés ». « Je tiens cette culture
de mon éducation assez traditionaliste où l’on m’a inculqué les valeurs de
respect. Mais j’aime beaucoup rire de moi ce que j’essaie de partager avec
mes associés et mes clients » sourit-il. Cette autodérision constitue
même la vitrine de ses boutiques puisque les clients qui désirent écouter
un disque avant de l’acheter se retrouvent, dans la devanture du magasin,
affublés d’un casque ridicule dont la décoration varie selon la saison
(des cœurs et des anges pour la Saint Valentin ou des œufs pour Pâques.
L’homme ne s’est
encore pas transformé en requin des affaires, même si il s’est installé à
Paris avec femme et enfants pour pouvoir mieux gérer son réseau de
magasins. Il préserve encore quelques instants pour se consacrer à sa
passion - la musique - et prendre le temps d’écouter le dernier Coldplay
ou d’essayer de se convertir au Hip-hop ! Lorsque l’on arbore comme devise
l’ouverture d’esprit, il faut être prêt à quelques sacrifices !
A suivre, Un beau cadeau de Noël pour
Samoens
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