Cézanne
coulé dans le bronze
Par Eve Lenoir
Cézanne est définitivement la star de
l’année 2006 à Aix. Nombreuses sont
les manifestations qui commémorent le
centenaire de sa mort et la dernière
en date est l’inauguration, le 9
avril, d’une statue à son effigie sur
la place de la Rotonde.
Le ciel chargé et peu avenant n’a pas
découragé les centaines d’Aixois venus
assister à l’inauguration de la statue
du célèbre peintre. Massés devant
l’estrade aux portes de l’Office du
tourisme, juchés sur des promontoires
de fortune ou perchés sur les arbres
qui s’y prêtaient plus ou moins
volontiers, chacun recherchait la
meilleure vue. C’est dans cette
ambiance de concert de rock - toutes
proportions gardées - qu’Andréa
Ferréol a présenté le projet pour
lequel elle s’est battue si durement.
L’actrice, avec le bagout qu’on lui
connaît, a remercié les institutions
qui lui ont octroyé les aides dont
elle avait besoin mais n’a pas oublié
de citer celles qui ne l’avaient pas
soutenue. Ce qui n’a pas manqué de
faire sourire (jaune) certaines des
personnalités présentes. Car, c’est
elle, par le biais de son association,
Aix-en-Œuvre, qui a permis la
réalisation de cette sculpture.
Gabriel Sterk, artiste hollandais
installé à Aix, a mis tout son talent
dans la conception de cette statue en
bronze de 2.20 mètres qui fait,
aujourd’hui, face au Cours Mirabeau.
« Nous avons voulu que Cézanne soit
représenté en marche. En marche vers
les paysage chers à ses peintures :
Bibemus,
la Sainte Victoire, etc. »
a précisé André Ferréol.
En ce dimanche de printemps, le
peintre n’était pas le seul à être
« en marche ». Des étudiants
anti-CPE étaient, eux aussi, bien
décidés à faire avancer leur mouvement
et ont vu dans cette manifestation,
l’occasion de faire entendre leurs
voix. Christophe Girard,
adjoint au Maire de Paris délégué à la
culture, a pu exprimer toute son
admiration pour la ville et son action
dans ce cadre. Le conseiller général
Michel Pezet a également, pu
dire quelque mots. Mais, la prise de
parole de Christian Kert,
député des Bouches du Rhône, a
déchaîné les foudres des jeunes
manifestants. A force de chansons
explicites bien que peu châtiées, ce
sont leurs doléances qui ont été
entendues en lieu et place des
discours élogieux des institutionnels.
Maryse Joyssains-Masini,
maire d’Aix en Provence, a tenté de
ramener l’ordre, avec l’assistance des
policiers présents, mais rien n’y a
fait. C’est dans ce climat de tension
que le voile a été levé sur la statue
tant attendue. Michèle Torr,
accompagnée par les petits chanteurs
d’Aix, a ensuite interprété « Monsieur
Cézanne » dans un calme tout relatif
mais avec beaucoup de talent avant de
se livrer, avec patience, à une séance
de photos et d’autographes improvisée.
La cérémonie a été quelque peu
assombrie par l’intervention surprise
des étudiants mais il n’en reste pas
moins que la ville s’orne,
aujourd’hui, d’un nouveau symbole,
celui d’un peintre qui aimait sa cité
au point de lui faire traverser les
frontières…
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