Le Serpent
Par Marie Hess
Ce thriller français de 2 heures met en scène
Clovis Cornillac et Yvan Attal, dirigés d’une main
de maître par le réalisateur Eric Barbier. Lumière
sur une future réussite, moteur !
«Le Serpent» est tiré du livre américain «Plender»,
écrit par Ted Lewis. C’est l’histoire de
Vincent Mandel, photographe et père de famille en
instance de divorce, et de Joseph Plender,
détective privé. Tout commence alors que les deux
hommes ne sont encore que deux collégiens. Le
premier, brillant et entouré de jolies filles vit
une enfance sans ombrages. Le second est un cancre
rejeté de tous. Un souffre-douleur. 25 ans plus
tard, Plender et Mandel se retrouvent. Petit à
petit, la vie de Vincent va tourner au cauchemar à
cause d’une manipulation orchestrée par Joseph.
Meurtre, enlèvement et chantage conduiront alors
Vincent dans une véritable descente aux enfers…
Son seul espoir sera alors de battre Plender à son
propre jeu. Autour des thématiques du harcèlement
et de la dualité, la loi du Talion prendra tout
son sens…
«Ce film est le 1er où j’ai une
équation entre tout», affirme avec émotion et
enthousiasme le réalisateur. Il est vrai que le
film est très abouti. Le perfectionniste Eric
Barbier réalise ici un véritable travail
d’orfèvrerie dans son désir de ne pas être à 100%
fidèle au livre. Par exemple, le roman prend parti
pour Plender et fait sombrer le héros. Pour
Barbier, au contraire, «l’adhésion pour le
personnage de Vincent doit être immédiate». Ce
qui n’empêche pas Vincent, au fur et à mesure de
ses déboires, de devenir presque aussi noir que
Joseph. Le réalisateur a d’ailleurs voulu cette
idée de «doubles», ce jeu de miroirs entre Plender
et Mandel. «J’ai aussi eu envie de faire écho
avec le malaise de l’adolescence, la violence qui
lui est faite». Pour Clovis Cornillac,
le film a été «très excitant à tourner. Plender
est monstrueux, mais je voulais qu’à travers des
éclairs on voit un peu d’humanité». Yvan
Attal renchérit : «Si on voit le film à
l’envers, Plender est typiquement un héros».
Le titre «Le serpent» renvoit bien évidemment au
sournois Plender, étouffant, enserrant ses proies
avec ses anneaux. Nous avons également la surprise
- et le plaisir! - de revoir Pierre Richard,
choisi pour sa fragilité si unique. Mais
attention, ne vous attendez pas à retrouver le
comique farfelu du «Grand Blond», l’acteur incarne
ici un avocat lâche et blasé. Eric Barbier a
également accordé une grande importance à la
musique, le travail fut intense. «J’ai cherché
à raconter comment Plender était resté dans
l’enfance avec une sonorité proche de celles des
boîtes à musique, et j’y ai ajouté une ritournelle
pour appuyer l’idée de la stagnation. La musique,
c’est 40% du travail. Car elle créé aussi les
espaces de silence.» Vous ne sortirez pas
indemnes de ce film fort, poignant, mené tambour
battant.
Film
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