Persepolis, ou Le 8 septembre 1978
à Téhéran
Par William Martin-Genier
Film d’animation récompensé à Cannes par le Prix
du Jury, et nominé pour la Palme d’or « Persepolis »,
adaptation cinématographique du roman graphique de
Marjane Satrapi, ce sujet noir se distingue
par son traitement en 2D.
Téhéran, 1978. Marjane, jeune iranienne de 8 ans,
pense à son futur : elle se voit prophète. Chérie
de ses parents modernes et cultivés, proche de sa
grand-mère. Mais Marjane vit à Téhéran, en 1978 :
ce vendredi 8 septembre, l’armée ouvre le feu sur
les révolutionnaires, réunis sur la place Jaleh
afin de protester contre le Shah. Plus d’une
centaine de morts : le déclin de la monarchie des
Pahlévi est amorcé. La jeune fille suit avec
enthousiasme ces évènements, jusqu’à
l’instauration de la république islamique, qui
prive les Iraniens de leurs droits les plus
élémentaires. Marjane, ses amies, les femmes
doivent porter le voile. L’adolescente se rêve
révolutionnaire, bercée par les récits de l’Oncle
Anouche. Rapidement, la guerre contre l’Irak
entraîne la chute du pays : les villes sont
détruites, les rues sont transformées en
cimetières de guerre. Marjane est envoyée en
Autriche afin de se protéger et pour pouvoir
continuer ses études au lycée français. Là-bas,
dans l’Europe si lointaine, elle y vit une seconde
évolution : la puberté, les amours, la différence.
Réalisé par Vincent Paronnaud sur l’œuvre
originale de Marjane Satrapi, le film,
réalisé en dessins en noir et blanc afin
d’universaliser l’histoire, traite le sujet d’une
manière innatendue : la candeur d’une petite fille
iranienne à travers la guerre et la révolution,
ses bouleversements. La jeunesse de Marjane et ses
aspirations futures nous font rire, ce même humour
innocent rend certains instants pénibles du film
sinon plus gais, moins sombres. Réalisé sur une
durée de trois ans avec un budget de six millions
d’euro, le film est co-produit par Kathleen
Kennedy, complice et productrice de
Spielberg, et distribué par Sony Classics.
Catherine Deneuve est du cast en prêtant sa
voix à la mère de Marjane que l’actrice décrit
comme « compréhensive, attentive et inquiète »,
alors que la voix de la jeune fille est jouée par
Chiara Mastroianni, qui livre une
interprétation plus que fun de la chanson
« Eye of the Tiger » car orchestrée et
corégraphiée par Marjane Satarpi!
Danielle Darrieux a, quand à elle, accépté de
doubler la grand-mère pour son côté « sans
tabou». Le film a nécéssité son propre studio
d’animation : plus de 600 personnages sont
présents dans le film, étudiés suivant leur lieu
d’habitation et donc de leurs habits, coiffures,
ce grâce au travail de Marc Jousset
(producteur de Mon incroyable fiancé sur TF1) et
de Pascal Chevé. L’équipe réussit un tour
de force osé : donner vie à cette histoire.
Film
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